Les faits marquants annuels
De 1921 à 1947 la période fut émaillée de joie et de tristesse.
Joie de la première victoire à 13 ans,puis les victoires de ce que l'on appelle les groupes 1 actuellement(Prix de Vincennes Quero-Reine Charmeuse,Prix du Président de la République : Reine Charmeuse et Tamisot,Prix d'Essai),
A titre personnel mariage en 1932,naissance de sa première fille en 1934,puis en 1936 de sa seconde fille ,et en 1943 de son fils en plein meeting d'hiver.
Tristesse avec la déclaration de guerre et son départ pour la guerre et en 1947 son grave accident.
Laissons place à la chronique hippique de l'époque:
"L'accident qui s'est produit dans le prix de Toulon est certainement sans précédent dans les annales du trotting.
Si tu Veux que montait Al.Libeer- poussé par un concurrent -déroba au dernier tournant et coinça sur la balustrade son jockey qui eut la jambe fracturée.Néanmoins Al.Libeer faisant preuve d'une énergie rare ,restait à cheval,continuait la course et rentrait au paddock;ses camarades l'aidèrent alors à descendre et c'est au vestiaire que les infirmiers venaient le prendre pour l'emmener à l'ambulance d'où il fut dirigé sur l'hôpital de Maisons Laffitte.Après radiographie une double fracture fut constatée à la base du tibia gauche ce qui devrait immobiliser le jockey un certain temps."
Le journaliste ne pensait pas si bien dire.Il fut immobilisé pendant près d'une année et cela sans salaire car à cette époque il n'y avait pas de sécurité sociale.
Les temps furent très durs.Il n'y avait pas assez d'argent pour se chauffer et l'on pouvait voir dans l'habitation de véritables stalactiques de glace.
La médecine l'avait condamné.Il ne pourrait plus monter à cheval.Aussi,il a tenu à aller à Lourdes avec ses béquilles.Sa femme Suzanne et son fils Jean-Claude étaient avec lui.
Tout comme sa mère il est revenu de Lourdes sans béquille et a pu remonter dès 1948.La foi a toujours motivé ce grand personnage qu'il fut.N'oublions pas que son fils Jean-Claude a également eu cette grâce quant à la guérison d'une cécité.
Les 3 enfants d'Albert Libeer.Bon sang ne saurait mentir
En 1948 ce fut le grand retour et la découverte d'un poulain à dresser:CARIOCAII.
En 1949,Carioca II enlève le Pris de l'avenir(essai) et fait dire à Dimanche Turf" Ce poulan fait ainsi honneur à son dresseur Al.Libeer qui est aussi son habituel jockey.Ce cavalier qui a une si belle position à cheval,monte autant avec la tête qu'avec les jambes."
Le 14 juin 1949 Bétis offre son 3° prix du Président de la République à son talentueux jockey. A l'issue dela course,d'après Sport Complet, Jonel Chyriacos s'exclaffait:"Albert Libeer a été magnifique.C'est un jockey très fin qui a fait preuve d'une psychologie remarquable
Il a monté à la perfection .Il a ménagé sa monture et a choisi le bon moment pour porter l'estocade"
Le 25 décembre 1949 Carioca II offrait un 3° prix de Vincennes à son jockey "qui l'a monté avec un doigté et une précision rares"(Paris Turf)
Les 3 Caballeros "Paris-Turf 27.12.1949
En 1951 Valmiki enlevait le Prix de l'Ile-de-France avant de s'adjuger 7 jours plus tard le Prix du Calvados et le 28 janvier le Prix de Cornulier en battant le record de l'épreuve.
Laissons Salam journaliste à Dimanche Sport raconter la course.
" Quelle course!Quelle arrivée!Ce fut magnifique,émouvant.Quel sport!Valmiki vedette à sensations des épreuves au trot monté a comblé aujourd'hui les plus opiniâtres détracteurs de cette spécialité.Tout fut réglé,tout réalisé et enfin pour triompher une photographie faisant rêver.Valmiki,dernier aux tribunes,5° au petit bois a eu ensuite sa fougue habituelle son entrain endiablé.Al Libeer réalisateur du chef d'oeuvre a laissé son cheval se mettre dans la cadence pour aller crescendo sur les leaders cependant décidés.Chardonneret avait des ailes,Azur IV(MM Gougeon) rayonnait,Carus filait mais Valmiki resplendissant apportait dans ce concert le qualificatif le plus beau d'entre eux:victorieux."
Si après cette victoire Al.Libeer fut chaudement félicité on peut ajouter que le plus beau des compliments lui a été adressé par l'entraîneur J.Chyriacos qui lui a dit:"Albert,vous avez monté dans votre carrière des courses magnifiques:aujourd'hui vous avez arraché la plus belle"
En 1952 il ajouta aux courses parisiennes la province pour Pierre Sarazin un propriétaire qui est devenu un véritable ami.Les succès ont été nombreux tant à l'attelage qu'au monté.La Capelle,Reims,Laon,Le Croisé Laroche,Amiens furent les terres de prédilection.
En 1953 Grandvilliers II entraîné par R.de Wulf permit à Al.Libeer de remporter son 4° prix de Vincennes.Nous pouvons lire dans le Sport Complet du 30.12.1952"Ce succès magnifiquement remporté est dû au fin renard Al.Libeer qui fit preuve de beaucoup de calme,de maîtrise et d'énergie.Il ne s'est pas pressé au début,se montra prudent dans la descente,adroit dans la plaine et,comme toujours,remarquable dans la fin de course.Libeer,à l'encontre de beaucoup d'autres ne s'agite pas sur un cheval,ne le déséquilibre pas.Il monte avec sa tête,ses jambes et ses bras.C'est un grand jockey un véritable cavalier."Robert de Wulf a toujours cru en ce cheval mais très difficile à commander.Al.Libeer qui le montait pour la première fois l'a bien maîtrisé.
De 1954 à 1957,les succès s'enchaînèrent tant dans la région parisienne qu'en province où il n'était pas rare de le voir triompher à 3 reprises.
En 1958,il s'essaya dans la région parisienne à l'attelage et les succès ne tardèrent pas à arriver notamment avec Méral II et Narciso II 2 chevaux à la Marquise de Moratalla nouvelle popriétaire au trot.
Méral II fut le cheval de classe des années 60.Il gagna de nombreux groupes battant notamment Minarelle H l'excellente jument de Jean Mary.
En 1961 malgré un nouvel accident en avril,ce fut le tour de Martini II entraîné par son ami P.Lebarbenchon,de Pétrarque à Alec Weisweiller.
En 1962,il découvre PALOISE jument extrêmement difficile mais pétrie de classe appartenant au baron de Rotschild.
Puis ce fut sa victoire dans le Prix de Normandie(seul groupe 1 qu'il n'avait pas gagné).Narvick DJ lui offrait cette joie intense
Après le Prix de Normandie
Cette année-là le grand journaliste hippique que fut BEN n'hésita pas à dire que le jockey Libeer était le meilleur jockey de Vincennes(après sa victoire avec Pétanque)
Les victoires se poursuivirent de 1963 à 1968 tant au monté qu'à l'attelé avec QuettyII, Quanta,Petiot,Souviens-toi II etc..
Après les décès de Jonel Chyriacos et de Raoul Simonard il continua son activité au service de L.Verroken et il reprit la cravache à l'attelé pour faire triompher Tambour Major II,Agatha Christie,Basse terre,Bérolida.
Le nouveau brain trust
En 1970,il eut la joie de marier son fils Jean-Claude avec Christiane OSWALT entre deux réunions de courses.
En 1971, le 19 juillet Al Libeer tenait à courir à Vincennes et il a mené à la victoire Bref Signal 50 ans après sa première victoire.Il est à noter qu'il avait mené le père Harod D III et le grand père de ce cheval Carioca II
50 ans après !!!!
En 1972 il se produisit parcimonieusement et gagna avec CERISE II sa dernière grande championne qui s'est bataillée courageusement contre un crack Chambon P.
Puis en 1973,à la demande de sa famille et notamment de sa bru, il fit valoir ses droits à la retraite et il quitta son cher Pince Vent après 36 ans de présence sur ce magnifique lieu d'entraînement.
Si sa carrière professionnelle s'est terminée en 1973,il a su encore rendre service et cette fois c'est à son fils qu'il a voulu dispenser ses qualités d'homme debout.Il est devenu Surveillant Général d'un établissement à Breteuil que son fils dirigea lui aussi 34 ans.Il avait notamment de grosses responsabilités quand Jean-Claude a été appelé par Monseigneur l'Evêque de Beauvais pour être le directeur diocésain.
Il prit beaucoup de plaisir à Breteuil
Le 6 Août 1980 il nous quitta définitivement après une longue et douloureuse maladie et surtout après une vie bien remplie au service de tous.Ses mérites ont d'ailleurs été reconnus par l'Etat Français puisqu'il a été promu Chevalier du Mérite Agricole.
Ce fut un GRAND MONSIEUR
Il repose maintenant auprès de son épouse disparue le 17 janvier 2005 à Vallet près de Montendre en Charente Maritime.
Un an après sa mort ,Pierre Blin a sollicité sa famille pour créer une association 1901 qui porte son nom:"Association Albert Libeer".L'accord fut évidemment donné.
De là où il est il a dû voir avec satisfaction que sa bru avait relevé le défi et durant 15 ans a su élever et entraîner de très bons chevaux dans son haras du Hauzey dans le Calvados.Marine du Hauzey,Méral du Hauzey,Angélina du Pont,Vigula,Hanna du Hauzey ,Fairy Somolli,Le Hauzey,Narvick du Hauzey ont été les fers de lance.
Maintenant que l'heure de la retraite a sonné pour sa belle fille comme pour son fils ces derniers ont repris des responsabilités au sein de l'Institution pour la Société Hippique du Médoc(hippodrome de Lesparre).
Quant à Jean-Claude il a été reçu pour être commissaire de courses.Il officie désormais à l'hippodrome de Bordeaux Le Bouscat où il apprécie beaucoup l'excellent esprit qui règne au sein des commissaires.
Il faut espérer que le président de la SECF pourra reconnaître la valeur de ce jockey hors du commun en lui accordant un prix à Vincennes.Ce ne serait que justice!!!
Au moment où les Présidents de Société de Galop et de Trot veulent épargner la santé des chevaux savent-ils que cet homme aux grandes victoires n'a jamais cravaché ses chevaux mais il leur parlait constamment.Exemple à suivre!!!
Pour être juste l'on se doit de remercier les présidents de Vincennes,Royan, du Croisé Laroche,de La Capelle et de Lesparre pour avoir accordé un prix à cet homme lors de leurs réunion